Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 10:22

Pour réussir une belle randonnée, choisissez d’abord bien votre équipe : Cerise et moi, impeccable. Ensuite un beau parcours : vous pouvez partir marcher autour du Mans (sans vexer personne) pendant 5 jours mais la Patagonie, on pense que c’est mieux. Et pour clôturer le chapitre de nos treks dans la région, quoi de mieux que le parc national Torres del Paine au Chili, réputé pour être l’un des plus beaux d’Amérique du Sud ?

Après un petit détour par Ushuaia, il nous faut donc rejoindre Puerto Natales en bus. La route qui nous y emmène (3 bus différents, 1 ferry) est longue mais splendide, d’autant que l’on profite d’un temps très ensoleillé. Le « No man’s land » qui sépare les 2 pays diffère un peu des paysages parcourus jusqu’à présent : plus de volume avec de jolies collines bien rondes, plus vert et du coup pas mal de pâturages avec quantités de moutons, de bœufs et – plus exotique – des guanacos qui semblent être un mélange entre le lama et la vigogne. Ushuaia est situé sur une île (la plus grande de la région de la Terre de feu) et on doit donc traverser le détroit de Magellan pour rejoindre le continent Chilien. Pendant les quelques minutes de ferry on a la curieuse compagnie de petits dauphins blancs et noirs qui nous font la fête dans l’eau limpide et gelée.

Après 15 heures de voyage, on arrive à Puerto Natales en plein jour (vers 21 heures !) pour préparer notre excursion qui s’annonce corsée. Quel plaisir de retrouver le Chili, après 6 ans de séparation pour moi et 7 ans pour Cerise. Ses petites villes au carré, ses maisons colorées, sa douceur de vivre et l’accent invraisemblable de ses habitants ! Puerto Natales est un carrefour mondial pour tous les randonneurs qui se destinent au parc national mais la ville, située au bord d’un lac bordée de montagnes, a su garder un certain charme. Après avoir achetés nos billets pour les étapes suivantes, fait le plein d’informations en ce qui concerne les possibilités de randonnées, on se lance dans la préparation proprement dite. On part pour 5 jours de marche et il faut donc s’alléger au maximum (pas plus de 15% de son poids paraît-il, faites les comptes…). Pour les affaires un seul change qui doit rester sec pour le soir (et oui l’hygiène ça pèse), vêtement anti-pluie, gants et bonnets car les nuits peuvent être fraîches. Pour les repas on se blinde de nouilles chinoises pour la cena, de céréales type muesli pour le matin, de fruits secs pour les fibres, turon pour le sucre et toblerone parce que c’est bon. Pour les midis enfin, pain de mie et pain à pita accompagnés de jambon, sardines et avocat (tellement bon ici et super énergétique) ; un peu de mayo pour faire passer la pilule et en voiture Simone. Pour finir, une bonne tente et des duvets assez chaud (au moins O°C température de confort ça parait raisonnable). En général on met une couverture de survie sous la tente pour l’isoler du sol. Ha non j’oubliais un bon gueuleton la vieille au soir : pâtes comme s’il en pleuvait, steaks monstrueux, fruits et bibine pour s’encourager.

Le parc national est un modèle d’organisation : on y accède par 3 endroits différents, il est truffé de campings (gratuits ou payants), refuges et même chalets pour ceux qui ne veulent pas dormir dans la tente. Vous avez donc la ligne « principale » en bas, d’Est en Ouest, des ramification à l’Est, au centre et à l’Ouest qui constituent le fameux « W » et même la boucle du « O » pour les vaillants bien équipés, qui permet de faire le tour du parc par l’arrière en quelques jours bien solides. En ce qui nous concerne ça sera la solution intermédiaire, j’ai nommé le fameux le mythique W, qui promet quand même de 4 à 6 jours de marche conséquents. Le principe de ce parcours est que, sur les branches du W, on revient 3 fois sur ses pas. Il est donc possible de laisser le gros de ses affaires en bas de chaque branche et faire l’aller et retour « à vide » dans la journée ; bref les possibilités sont multiples et le sentiment de liberté, lâchés en pleine nature dans cette merveille, est presque palpable.

En arrivant par l’Est, on suit les conseils de notre aubergiste, membre par ailleurs du staff du parc national : si tu as beau temps, commences par l’Est pour faire les Tours (qui donnent leur nom au parc) par temps dégagé ! C’est donc par là qu’on attaque le morceau, comme la plupart des dizaines de touristes qui s’élancent chaque jour. Une fois arrivés au camping gratuit de Las Torres, on plante la tente puis on monte au plus près des fameuses tours. Même si le ciel est blanc et nous empêche de faire la photo parfaite l’objectif est atteint : les 3 tours sont dégagées et leurs pointes effilées se détachent parfaitement devant nous. A leurs pieds, la traditionnelle lagune couleur verte et des blocs de roches immenses qui semblent être arrivés là par magie. Même si, en commençant par là, on a un peu l’impression de commencer le repas par le dessert, d’avoir son cadeau d’anniversaire avant le jour J, on ne regrettera pas notre choix car il est un paramètre insaisissable ici : la météo… Le Jour 1 se termine comme tous les suivants : en mangeant des nouilles chinoises prêtes en 3 minutes. On a marché 13 kms aujourd’hui.

Jour 2 et suite de notre programme « le climat Patagon » avec aujourd’hui le soleil. Impressionnant, de plomb et sans aucun nuage pour le masquer. Pour notre plus longue journée de marche on frôle les 25 degrés et on boit comme des chameaux dans tous les cours d’eau qui croisent notre route. Après être redescendus le long de la banche Est du W (tout le monde suit ?), on part vers l’Ouest vers le camping Los Cuernos. Chargés à plein puisqu’on a à peine entamés les provisions, notre parcours longe, surplombe, s’éloigne puis revient auprès du lac Nordenskjöld (en Nørvégien dans le texte). Le ciel bleu et l’absence de vent qui viendrait troubler sa surface font ressortir le vert émeraude de ses eaux. Comme tous les lacs ou lagunes issus de glaciers il tire sa couleur du « lait de glacier » : la glace, en se formant, arrache des minéraux à la roche. En fonction de la composition des parois, la couleur peut varier mais elle est souvent verte, un peu laiteuse à cause des particules en suspension ; par contre elle reste potable. On s’était levés tôt pour profiter de cette belle journée à rallonge, pour profiter aussi d’être (un peu) seuls dans ces paysages magnifiques. On arrive en début d’après-midi au camping Los Cuernos, mais il coûte un bras et on préfère continuer vers l’Italiano. Après un petit plongeon vivifiant dans le fameux lac (des yeux seulement pour Cerise…), on finit un peu sur les rotules en arrivant au camping gratuit. Il est censé être fermé car les toilettes sont en réfection, mais on nous a prévenus qu’en négociant un peu on nous laisserait planter la tente. 25 kms de marche avec tout le matos sur le dos, c’est ce qu’on s’est enfilés aujourd’hui pour arriver jusqu’ici. En bruit de fond la rivière et le fracas de pans de glaciers qui se détachent au loin, il ne faut pas longtemps pour s’endormir du sommeil du marcheur. La suite du W dans l’article suivant…

20130120 Chili 099

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 10:17

Jour 3 : on continue notre parcours météo avec la pluie qui s’invite pendant la nuit. On ne connait la joie du camping que quand on a passé une bonne nuit sous la pluie ; heureusement notre toile est bien étanche et on se réveille au sec. D’autres ont moins de chance puisqu’ils avaient planté sans le savoir leur tente là où l’eau s’écoulait quand il se met à pleuvoir très fort… Et c’est le cas. Après avoir péniblement plié et rangé toutes nos affaires, un bon thé n’est pas de trop pour se préparer à une journée bien humide. On laisse tout d’abord nos sacs pour monter au camping Britanico, qui se trouve au fond de la valle Francés. On fait connaissance avec le glacier qui nous a bercé la veille au soir mais vaguement : tout le paysage baigne dans une brume épaisse. On ne montera d’ailleurs pas jusqu’au mirador, bien conscients qu’on n’y verrait rien ; dommage cette vallée est réputées être la plus belle du parcours ! De retour au camping Italiano, on mange vite fait entassés sous l’abri avec des dizaines de touristes qui s’abritent comme ils peuvent. Au palmarès sur le parcours on trouve des Israéliens en pagaille, des Coréens, Allemands, Français, Nord-Américains et Anglais. Les Chiliens, exception sur le continent, s’avèrent être de bons marcheurs et viennent aussi nombreux en cette période de vacances d’été. Heureusement, même si la pluie ne nous lâche pas jusqu’au camping Paine grande (fin de notre étape de 17 kms) cette partie là est la plus facile du W et se fait rapidement. Comme on avait investis dans de bonnes chaussures étanches, les pieds sont la seule partie du corps encore sèche au final. La vallée traversée a été dévastée l’an dernier par le feu, où près de 20 000 hectares sont partis en fumée. Il a fallu plus de 2 mois pour que l’incendie soit complètement terminé, tout ça parce qu’un abruti a voulu bruler son papier toilette par temps sec. Même si la plupart des arbres sont encore debout, ils sont carbonisés et difficile de dire combien de temps il faudra pour réparer les dégâts.

En bas, on arrive à l’extrémité Ouest de l’itinéraire et il ne nous reste plus que la dernière « branche » du W. Un magnifique coucher de soleil sur le lac Pehué vient saluer la fin de cette journée. Ce soir on a droit à une douche chaude, après 2 soirées à faire des trempettes sommaires dans les rivières glacées.

Jour 4. Au début de la nuit déjà on a compris ce qui nous attendait. Le parc abrite des micro climats, qui peuvent être très différents d’une vallée à l’autre, et le temps change très vite. Cette fois c’est le vent qui s’invite dans l’aventure. Le camping, lui aussi dévoré l’an dernier dans l’incendie, est complètement à découvert dans un couloir de vent qui va de la vallée jusqu’au lac. Toute la nuit, notre valeureuse tente se couche sur nous mais, comme la garde rapprochée, plie mais ne rend pas. A voir la tête des gens le matin, on n’est pas les seuls à avoir dormi en pointillés. On a le choix de laisser les gros sacs en bas pour faire l’aller retour (22 kms quand même) plus légèrement chargés. Comme on a du temps et des bobos plein les pieds, on décide plutôt de monter avec toutes nos affaires pour rejoindre le campement du Lago grey et de passer la nuit là haut. Le vent atteint son paroxysme près de la lagune Los Patos, où il faut marcher pliés en 2 pour ne pas tomber (voir vidéo). Quand il se calme près du refuge, c’est une pluie fine qui prend le relais. Heureusement le jeu en vaut la chandelle : en fin de parcours on arrive près d’un magnifique glacier qui alimente un grand lac. En continuant après le camping on peut même longer une crique où sont coincés d’énormes pans de glace échappés de ce même glacier. Sa couleur toute bleue lui vient de bulles d’air coincés au moment ou la glace s’est formée. Cette fois c’est sur ça valait la peine de monter ! L’expérience aidant, on se trouve un bel emplacement à l’abri dans un petit bois, pour passer la meilleure nuit (certes un peu fraîche) de tout le séjour. Ici on croise des marcheurs venus de la grande boucle qui contourne le parc par l’arrière (le fameux « O »), qui nous expliquent à quel point le parcours est plus difficile là bas ; surtout que certains enchaînent le O et le W !

Jour 5 : au programme la descente vers le camping Paine grande, retour du parcours de la veille. Le temps est moyen pour notre dernière journée ici, mais il n’y a pas de vent en haut et pas de pluie non plus ! On peut donc admirer plus sereinement le glacier et le lac et profiter de ces derniers 11 kms de marche. Une fois en bas on attend un catamaran qui nous amène vers le centre du parc où passent les bus pour rentrer vers Natales. 5 jours de marche, 77 kms parcourus et un beau W dessiné sur la carte (voirici). Même si le climat n’a pas toujours été clément, on est contents de l’avoir fait dans les conditions si particulières à cette région du globe. Lâchés 5 jours en pleine nature, en totale autonomie, on goûte au bonheur d’une liberté totale de mouvement ; le parc en offre pour tous les goûts et pour tous les niveaux. La variété des paysages, la qualité de l’entretien des sentiers, les lacs, les glaciers, les vallées et les fameuses tours font de Torres del Paine un bijou pour les randonneurs, même s’il est très fréquenté. A consommer sans modération on a vraiment adoré, c’était d’ailleurs la 2ème fois pour Cerise (quelle athlète). Les photos sont dans l’album du Chili.

20130123 Chili 403

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le Blog de Cerise&Xabi en 2012
  • : Le projet 2012 : Départ 15 Février 2012, retour le 14 Février 2013 ! Se rendre utile à Tarija en Bolivie pendant 4 mois dans l’ONG « Edyfu » et enchainer par un tour d’Amérique du Sud : Bolivie, Pérou, Equateur, Colombie, Brésil, Paraguay, Argentine, Uruguay et finir avec le carnaval de Rio … Carnet de route, nouvelles en vrac et plein de conseils pour se lancer à l'assaut du continent
  • Contact

Cerise&Xabi

Notre voyage initiatique se fera à deux.

 Dans le rôle de Bonnie : Cerise. 26 ans au moment du départ, conditionnée depuis toujours pour partir en Amérique du Sud ; des études brillantes en Reggaetton, Shakira, zumba et autres Caïpirinhassssss. Des voyages déjà en Amérique latine, un stage en Espagne puis un semestre au Chili pour un niveau d’español qui ferait pâlir Rita Mitsuko.

Dans le rôle de Clyde : Xabi. 27 ans (ce n’est plus une première main), toutes ses dents : « belle perf’ » comme lui a dit son dentiste pour la visite décennale, et prêt pour les grands espaces. Là aussi on retrouve quelques bases indispensables : pisco, caïpirinha, les refrains des Gipsy King et équipé comme un lama pour porter un sac des journées entières dans la pampa.

 

Cerise petiteXabi petit