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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 16:14

Après avoir abandonné le Machu Picchu, de peur que les conquistadors ne le découvrent, les Incas se sont réfugiés sur un autre de leurs sites pour organiser la rébellion. Situés à quelques kilomètres à vol d’oiseau du Machu Picchu, les archéologues estiment que le Choquequirao est 6 à 7 fois plus grand que ce dernier. Mais pourquoi ce relatif anonymat comparé à son illustre voisin ? La raison est simple : le seul accès à ce jour est un chemin étroit, à peine praticable par les marcheurs et les mules ; ce qui explique également pourquoi il est, encore aujourd’hui, toujours enfoui en partie sous une épaisse végétation.De notre côté, comme on avait déjà eu la chance de visiter le Machu Picchu il y a quelques années, on a décidé de ne pas le refaire (mais allez-y si vous pouvez !).

Pour atteindre le Choquequirao, vous aurez en fait 3 options. La première, « l’option + » , consiste à acheter un tour depuis Cusco, qui vous prendra totalement en charge (nourriture et mules comprises) pour que vous n’ayez plus qu’à vous « promener ». La deuxième ou « option ++ », vous emmènera au village de Cachora, où vous devrez vous-même louer vos mules et le muletier, acheter la nourriture et organiser votre périple. La dernière enfin, « l’option +++ », consiste à faire de vous votre propre mule, càd charger sur votre dos vos 5 jours de nourriture et en avant Guingamp ! Comme vous l'aurez compris, Cerise et moi on n’a peur de rien (surtout pas d’économiser quelques Soles Péruviens) et on a donc opté pour la dernière option. Seuls ? non non, on a aussi entrainé dans notre chute Randy et Ophélie (eux voulaient des mules),  avec qui nous avions passé 1 mois dans notre ONG et qu’on a croisé le matin même au terminal de bus de Cusco! le Pérou est petit…

Au Choquequirao vous ne rencontrerez pas grand monde : quand vous avez 4000 visiteurs/jour au Machu Picchu, la moyenne chez son voisin serait plutôt de … 4 visiteurs/jour… La randonnée n’est pas tant une affaire de kms (35 aller et 35 retour, par le même chemin) mais plutôt de dénivelé. L’équation est simple : vous partez du village de Cachora à 3000 mètres d’altitude, pour retrouver le lendemain soir le Choquequirao, lui aussi à 3000 mètres ; mais où est le problème ?? Le problème se nomme Rio Apurimac, lui qui sépare ces 2 montagnes et qui vous oblige à descendre à 1500 mètres d’altitude, le traverser sur une nacelle tractée à l’huile de coude (le pont s’est effondré il y a deux mois), puis à les remonter… En l’espace de 4 kms, on monte donc 1,5 kms de dénivelé, soit une côte de 37% environ, ça pique… (ça ressemble un peu à la côte de Cigaro en fait, mais en beaucoup beaucoup plus long). Ajoutez à ça des nuées de mouches insensibles à votre meilleur anti-moustique et qui vous arrachent carrément des bouts de peau, un froid polaire la nuit à 3000 mètres d’altitude, une chaleur étouffante le reste du temps et vous comprendrez pourquoi vous ne serez pas trop gênés sur le parcours ! Heureusement à 4 on a pu se serrer les coudes et se gaver de Coca pour adoucir l’effort.

En parlant de parcours vous le trouverez en GPS sur ce lien jusqu’au site archéologique, ou celui-là si le premier n’est pas bon (façon de parler bien sûr)

Journée 1 : après une nuit dans le très très charmant village de Cachora, avec vue sur des glaciers éternels, on attaque notre début de randonnée à 9 heures. Les 3 premières heures ont tout d’une ballade, jusqu’à arriver en haut de la grande descente où on croise 3 Bayonnais… Pressés de rentrer pour les fêtes, ils ont fait la marche en 3 jours au lieu de 5, ils ont marché de nuit, sont dévorés par les moustiques ; épuisés ils nous préviennent : c’est dur dur… Après avoir effectué les 2/3 de la descente (on ne compte plus en kms mais en mètres de dénivelé), on bivouaque dans un premier camping. C’est grâce à un magnifique feu de bois qu’on pourra cuire nos pâtes aux champignons, à côté de nous les touristes se gavent de truites…

Journée 2 : lever à 6 heures et ½ les quelques touristes qui voyagent avec un tour (càd tous les autres) sont déjà partis mais pourquoi ?? 45 minutes après on traverse la rivière sur une nacelle tractée à la main ; c’est le bonheur mais derrière les 1500 mètres de dénivelé nous attendent… par chance le ciel est couvert et l’ascension se fait à l’ombre. Peine perdue il fait quand même très très chaud, les mouches ne nous autorisent que peu de pauses, les participants décrochent un à un comme dans les plus terribles ascensions du tour (une américaine abandonne devant nous), les langues traînent dans la poussière et les mules qui nous doublent paraissent sortir d’un sauna tellement elles sont en nage… Le rythme diminue à vue d’œil, la pente est diablement forte et les derniers mètres sont une vraie épreuve que chacun des 13 kgs que j’ai sur le dos rendent vraiment pénibles. Heureusement les glaciers tout autour nous assurent de l’eau en veux-tu en voilà. A la tombée de la nuit on rejoint enfin le camp à l’intérieur du site archéologique. Le temps de se faire cuire des nouilles chinoises au feu de bois (Randy l’artiste du bois sec) et on se couche avec les poules. Objectif : être les premiers sur le site le lendemain !

Journée 3 : le réveil à 6 heures et ½ éliminent de fait les quelques touristes qui, gavés de frites et de poulet la veille au soir, digèrent lentement sous la tente quand on attaque les ultimes mètres qui nous séparent du dernier bastion Inca. Chose promise… le site est grandiose, perché au milieu de pics plus hauts les uns que les autres dont certains enneigés. Le rio Apurimac coule 1500 mètres plus bas, on peut l’observer depuis les terrasses qui servaient de culture aux Incas, accrochées sur des pentes vertigineuses. On est complètement seuls au sein de ces ruines magnifiquement conservées, ça valait vraiment le coup ! Un chemin continue en haut du site, de là on peut relier le Machu Picchu en 3 jours de marche, désolés mais on n’aura pas assez de pâtes pour tenter le coup… L’après-midi on commence à redescendre pour camper à 2000 mètres d’altitude environ : la nuit précédente on n’a très peu dormi à cause du froid..

Journée 4 : pour éviter de remonter les 1500 mètres de l’autre côté de la rivière en  plein soleil, on commence à marcher avec les frontales… à 5 heures et ½ du matin (qui l’eût cru ??). Pourtant en plein soleil, l’ascension est moins difficile que l’avant-veille de l’autre côté. Clou de la journée, le « Zig zag de la mort » à voir en vidéo. Cerise, qui démontre qu’elle pourrait être à Londres en ce moment (mais elle préfère parler Espagnol), insiste pour continuer jusqu’à Cachora. Au bout de 10 heures de marche, plumés, vidés, étripés, on arrive au bout de notre plus belle et difficile rando de notre voyage à ce jour. Le Choquequirao, c’est vraiment le Machu Picchu des vaillants.

Mais profitez-en tant qu’il est temps : on a croisé des membres du ministère de la culture Péruvien qui nous ont assuré vouloir construire un téléphérique pour en faciliter l’accès d’ici 3 ans (et pour désengorger le Machu Picchu qui serait en danger à cause de la sur-fréquentation)…

Les plus belles photos sont dans l’album,

Très très bonnes fêtes de Bayonne à ceux qui peuvent les faire ! On pense fort à vous.

20120720 Peru 0476

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commentaires

M
<br /> Comme c'est magique de voir vos photos et vos récits, plein de bonnes choses à vous pour cette continuation toujours et encore plus belle !<br /> <br /> <br /> Merci encore :=) Mestelle<br />
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C
<br /> <br /> Coucou,<br /> <br /> <br /> J'espère que tu passes un bel été (vacances?), de notre côté on est content de vous faire profiter avec nous! gros bisous à toi et toute ta famille<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Quel exploit !!!<br /> <br /> <br /> Bravo !<br /> <br /> <br /> C'est toujours dingue de découvrir un site après tant d'efforts.<br />
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Présentation

  • : Le Blog de Cerise&Xabi en 2012
  • : Le projet 2012 : Départ 15 Février 2012, retour le 14 Février 2013 ! Se rendre utile à Tarija en Bolivie pendant 4 mois dans l’ONG « Edyfu » et enchainer par un tour d’Amérique du Sud : Bolivie, Pérou, Equateur, Colombie, Brésil, Paraguay, Argentine, Uruguay et finir avec le carnaval de Rio … Carnet de route, nouvelles en vrac et plein de conseils pour se lancer à l'assaut du continent
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Cerise&Xabi

Notre voyage initiatique se fera à deux.

 Dans le rôle de Bonnie : Cerise. 26 ans au moment du départ, conditionnée depuis toujours pour partir en Amérique du Sud ; des études brillantes en Reggaetton, Shakira, zumba et autres Caïpirinhassssss. Des voyages déjà en Amérique latine, un stage en Espagne puis un semestre au Chili pour un niveau d’español qui ferait pâlir Rita Mitsuko.

Dans le rôle de Clyde : Xabi. 27 ans (ce n’est plus une première main), toutes ses dents : « belle perf’ » comme lui a dit son dentiste pour la visite décennale, et prêt pour les grands espaces. Là aussi on retrouve quelques bases indispensables : pisco, caïpirinha, les refrains des Gipsy King et équipé comme un lama pour porter un sac des journées entières dans la pampa.

 

Cerise petiteXabi petit